1. Le geste de réécrire une oeuvre célèbre, une oeuvre qui fait partie du patrimoine artistique, que beaucoup connaissent et apprécient peut s’avérer intimidant, vertigineux. C’est là qu’un pas de côté est nécessaire, un léger déplacement pour voir les choses sous un autre angle, plus personnel, neuf. Prendre du recul pour saisir l’ensemble, puis s’approcher doucement, en ajoutant d’autres motifs, d’autres teintes. Le dessin restera inchangé, mais en revanche, les couleurs et leur intensité seront très différentes ; elles seront vivifiées, atténuées, mélangées, troublées sans scrupule aucun. Le cadre est fixé, il ne tient qu'aux artistes de décider comment le remplir. Et de s’autoriser à en sortir, peut-être, mais en ayant toujours en tête le cadre premier, l’original. Une source magnifique à laquelle ils pourront s’abreuver pour se désaltérer, mais jamais s’y reposer. Il faudra recréer, remuer les branches tout en protégeant les racines. L'irrévérence, la liberté d’écrire autrement, d’ajouter de la malice, de l’humour, et assumer la subjectivité de son regard, pour rendre au spectateur cette oeuvre qu’il reconnaît mais qu’il va redécouvrir, comme une personne qui revient après un long voyage.

    Les artistes conserveront la simplicité de l’intrigue, l’approche faussement naïve que l’on retrouve traditionnellement dans les contes. Tout en apportant inévitablement leur subjectivité, leur modernisme et les expressions artistiques qui les caractérisent aujourd’hui, qu’ils soient langagiers, musicaux, visuels ou sonores. La plupart des textes resteront probablement écrits en rime, pour souligner la musicalité, l’envoûtement. Mais les rimes pourront aussi être “cassées”, dans un objectif de déstabilisation orale, pour saisir l’auditeur, le surprendre. Sans toutefois oublier l’aspect narratif, l’accent sera mis sur les dialogues, pour théâtraliser l’histoire, rendre les événements plus vivants, plus directs et présents. “Emprunter”. Le verbe est tout à fait à propos. Car il ne s’agit là que d’un emprunt, qui finalement sera rendu. Rendu, mais changé. Ils garderont les mêmes personnages, tout en modifiant leurs moyens d’expressions, par le truchement de mots nouveaux, de notes nouvelles et d’une mise en scène originale. Le Diable sera sans doute plus diabolique encore, et la violence de ses manoeuvres s’en trouvera certainement exacerbée. Le violon (qui sera remplacé par une guitare électrique), symbolisera la musique. La musique comme un bien plus que précieux, un bien inestimable qui fait danser les corps et les âmes, qui pénètre les coeurs, émerveille l’esprit. La musique qui fait la vie plus vivante et qui vient à bout du Diable lui-même ! Mais le besoin irrépressible de tout avoir, ce qu’il avait et ce qu'il a, va rebattre les cartes et risque de précipiter l’inéluctable fin de notre soldat…

    La musique dans ce conte est un personnage à part entière. La réécriture est un chalenge passionnant car il s’agit d’être inventif et créatif tout en respectant un cadre. Comme un peintre qui a la contrainte de représenter le même sujet mais toujours avec des techniques ou des couleurs différentes. L’oeuvre de Stravinsky développe plusieurs tableaux à l’aide de mouvements populaires très identifiés : la valse, le tango, le choral, la marche ou encore le pasodoble. La réécriture sera influencée par ces structures. Elles retranscriront l’énergie de ces différents mouvements dans une écriture contemporaine inventive, tout en utilisant un mélange d’instruments électroniques (claviers analogiques et modulaires, laptop, guitare électrique) et acoustiques (batterie, trompette, trombone, tuba). La direction sensorielle, émotionnelle et entrainante de la musique sera orientée par l’écriture et la réinterprétation de l’oeuvre par Hugo Zermati. En s’appropriant cette histoire, en la décalant, en la transgressant, ce sera une version augmentée d’imaginaire, de mouvements, d’émotions et de surprises. Les artistes ont travaillé sur l’écriture en avançant pas à pas vers leur version de l’oeuvre pour livrer au public un spectacle original et audacieux, qui ne le laissera pas indifférent et lui permettra de (re)découvrir L’Histoire du Soldat.

  2. Plan d'accès
  1. CONCERT : L'HISTOIRE DU SOLDAT

    D'après l'oeuvre de Stravinsky & Ramuz, réécriture par Hugo Zermatti.

  2. Inscriptions à partir du
    1. 01/09/2025 au 13/12/2025
  3. Participants
    Participants
  4. Organisateur
    1. MAIRIE D'ORMES
      SERVICE CULTUREL
      Tél : 02 38 70 85 20
  5. Informations pratiques
    Espace des Carrières - Ecole de musique
    2 Rue Jean Antoine du Baïf
    45140 - ORMES
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