Cycle - L' Homme et son environnement, quels impacts sur sa santé ?
Conférence n°7 | Les impacts sanitaires des changements environnementaux
Jean-François Toussaint
Jean-François
Toussaint est cardiologue et professeur de physiologie à l’université Paris
Descartes. Fellow de l’Université Harvard (MGH), ses travaux sont consacrés aux
limites humaines. Il a créé le Groupe Adaptation et Prospective du Haut Conseil
de la santé publique pour analyser les grands enjeux de santé et la prévention
des risques émergents, contribuant notamment au rapport « Impacts
sanitaires de la stratégie d’adaptation au changement climatique ».
Président du Groupe Expert HEPA Santé, de la Commission Européenne, il fut
aussi membre du Comité d’Orientation du Musée de l’Homme. Il a co-organisé la
série de colloques « L’homme peut-il s’adapter à lui-même ? » au
Muséum et au Collège de France. L’ouvrage L’Homme peut-il accepter ses limites ?,
issu de ces réflexions, sort en 2017.
Mardi 03 mars 2020, 16h-18h
Les interactions entre climat, agriculture,
biodiversité, économie, énergie, démographie modulent la prospérité de nos
sociétés et leur résilience. Au cours des deux derniers siècles, de multiples
avancées techniques ont réduit nos contraintes environnementales, avec des
conséquences très bénéfiques.
Cependant
l’activité humaine a également entraîné des effets non prévus. L’homme est
devenu le principal facteur de changement de son environnement. Or on constate aujourd’hui l’absence
de pilotage des choix techniques, la difficulté à poser les conditions d’un
dialogue durable (sur les nanotechnologies, le nucléaire, la biologie de
synthèse…). Le plus souvent, seul le marché guide le changement et fait évoluer
la société ; les tentatives d’adaptation des politiques publiques à la
réalité socio-économique mondialisée ne visant plus que l’emploi ou la
croissance du PIB.
Notre conception
de la santé humaine et des perturbations
qui conduisent aux maladies est trompeuse. Nous n’intégrons que très peu
les régulations systémiques et les
contraintes environnementales parmi les risques premiers.
Or la santé d’une population est aussi
l'expression des relations
éco-systémiques sous-jacentes dont les impacts
sont souvent diffus et surviennent dans des délais incertains. Il
importe de les comprendre pour anticiper les effets globaux, d’autant que la
vitesse des changements actuels dépasse le plus souvent celle de nos modèles
théoriques.
De
nouvelles vulnérabilités, issues de contraintes démographiques (vieillissement
des populations, urbanisation), agricoles (appauvrissement des sols, mésusages
de l’eau) ou sociétales (récessions économiques, fractures
politiques),
ne nous permettront pas d’accéder à toutes les options d’atténuation. Les premiers reculs de l’espérance de vie doivent aussi être intégrés dans
l’équation : la saturation de nos capacités pose la question de leur
limite naturelle mais elle éprouve aussi nos marges d’adaptation devant la
complexité des risques cumulés.
L’évaluation
de ces phénomènes et la compréhension de leurs interdépendances seront
déterminantes pour nous préparer aux conditions environnementales d’un futur
très proche. L’analyse
prospective et les efforts de recherche vers des options durables ne
doivent plus être négligés. Il nous faut donc comprendre la globalité de ces effets sur la santé et
la survie pour envisager
sereinement toutes les options.
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